Septembre est loin, mi octobre je suis bien. Je profite de chaque instant, du moins j’y travaille. Un beau projet, dont je vous parlerai ultérieurement, sur lequel j’œuvre avec mon ami, nous prend beaucoup de temps et d’énergie, mais pour l’instant rien ne me permet de payer les factures qui elles augmentent toujours…Je vis comme on dit d’amour et d’eau fraîche ;-).
Je choisis donc de « régulariser » ma situation et de me mettre en quête d’un job à temps partiel. Je me renseigne sur l’inscription à Pôle Emploi (la dernière fois que j’ai mis les pieds dans cette administration, cela s’appelait encore l’ ANPE, il n’y avait pas internet ! Nous devions être dans les années 1990…une autre époque !
Je décide donc de m’y rendre après avoir tenté en vain de m’y inscrire par voie numérique…Tout le monde connait ça, l’ordinateur rame, la base est en conflit avec les renseignements que je lui fournis, ma situation actuelle ne correspond pas aux critères proposés ! J’ essaye d’appeler, ça sonne, je patiente deux minutes, 1/4 d’heure, une demi e-heure, pour finalement raccrocher.
Le lendemain, je prends donc mes papiers (en faisant bien attention à ne rien oublier car le prix du gazole flambe ! ) et je fonce (enfin pas trop, je vais éviter le PV), amusée, intriguée et à la fois en danger à l’idée de fréquenter à nouveau ce lieu, symbole de quête, de doute, d’instabilité, de précarité, de tristesse, de grande souffrance pour certains.
J’arrive là-bas, je prends la file d’attente de l’accueil, un homme charmant me répond et m’invite à m’inscrire… en ligne… sur les machines mises à disposition, me rassurant en me disant que des collègues sont présentes pour m’aider en cas de nécessité.
Je me lance après m’être installée confortablement, me doutant que l’inscription va durer plus de cinq minutes. Oups… Me voilà de nouveau en carafe ; la machine refuse mes renseignements, j’appelle donc une conseillère qui après avoir relu mes données et tenté plusieurs choses, me dit « Humm, on va tricher, vous préciserez votre situation au conseiller qui vous suivra !»
«Ohlalala mais ce n’est pas bien de tricher», me dit ma petite voix mentale alors même que mon coté enfant trouve cela très amusant. Le programme ne comprend pas que je puisse être fonctionnaire et en même temps en disponibilité…bref, en toute complicité, nous mentons à la machine. Deux heures après me voilà inscrite, officiellement en recherche d’emploi. Je ressors de là avec la satisfaction de l’accomplissement et en même temps l’étrange sensation d’appartenir à un groupe de personnes dont on parle beaucoup…les chômeurs…avec cette espèce de tristesse, de pitié ou de négativisme. Pourtant, pour l’instant fondamentalement je me sens vraiment bien, ancrée, dans une dynamique toute autre, positive.
Je le sais, toi le faux ami là-haut, le cerveau, le mental…tu me nargues, tu veux prendre possession de moi, t’amuser, me plonger dans la face obscure du quotidien, tu aimerais que je rumine, que je déprime mais non, tu n’auras pas le dessus car maintenant je connais ton fonctionnement, je te vois venir…et de loin.
Alors ACTION : d’un pas lent mais sûr, je me dirige sur les bords de l’ Aisne où un vent léger et le soleil vont très clairement t’envoyer balader ! Je me recentre sur la Vie, la vraie, je me mets en éveil, l’éveil des sens, l’ Aisne qui coule paisiblement, cette luminosité magnifique des jours d’automne ensoleillés, le chant des oiseaux, sur ce que je ressens à cet instant présent. Je me pose sur un banc au soleil quelques minutes (pas trois heures non plus sinon Pôle Emploi va directement me rappeler à l’ ordre !) et
je savoure et c’est bon, tellement bon.

Se donner le droit de prendre du temps, quotidiennement, 5 minutes, un quart d’heure peu importe, mais prendre ce temps pour respirer, pour ne rien faire, pour observer, pour contempler, pour s’écouter, pour se poser… Etre juste là au présent, ici et maintenant. Que c’est bon ! Je retourne chez moi apaisée, ressourcée, prête à poursuivre le projet associatif, le soutien à la construction du four, ma formation pain, les massages, le partage, la révolution douce… Heureuse.

Oui Ghislaine , il nous FAUT prendre le TEMPS arrêter 5 minutes de courir – Courir encore et encore, contrariété sur contrariété , le jour de tes 60 ans ont te dit Madame, vous avez un cancer et là – TOUS bascule , alors OUI les jeunes prenaient 5 minutes au moins pour souffler, pour Hurler au vent, la VIE passe TROP vite. Annie
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Merci Annie pour ce témoignage si puissant. J’aurai bien l’occasion de revenir sur ces traumatismes qui changent votre vie…merci à toi, à bientôt.
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